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Charlie, suite et fin

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J’aimerais ajouter deux ou trois choses à la chronique précédente. D’abord je regrette de n’avoir pas évoqué les victimes de l’Hypercasher. On n’insiste pas assez sur le monstrueux retour de l’antisémitisme par le biais de l’islamisme ou de l’importation du conflit israélo-palestinien.

 

Ensuite pour dire que, si je suis convaincu par le contenu du numéro hommage de Charlie, la couverture de Riss me laisse tout de même interloqué, et je ne suis pas le seul. La rédaction a été abattue aux cris d’ « Allah est grand ». Le dessin, sous la légende « Un an après, l’assassin court toujours », représente sans ambiguïté le dieu des chrétiens, conforme à l’imagerie traditionnelle, et reconnaissable au triangle de la Trinité. Comment comprendre cela ? J’écarterais l’hypothèse de la prudence. Les gens de Charlie ont assez montré qu’ils n’avaient peur de rien. Et même si c’était le cas, personne n’aurait le droit de le leur reprocher. Je crois plutôt qu’ils ont eu à cœur de démontrer qu’ils étaient contre toutes les religions, pas seulement l’Islam. Et je me demande si cette couverture n’est pas finalement le résultat de toutes les pressions et de toutes les attaques dont ils ont été l’objet. Ce qui ferait de cette couverture à la fois une victoire des gens qui attaquent Charlie pour islamophobie, et en même temps leur apporte le démenti le plus net, mais net jusqu’à l’absurde. Car aujourd’hui, et massivement, la religion qui tue, celle qui a tué à Charlie, c’est l’Islam, je sais qu’il ne faut pas le dire, mais c’est tout de même le cas. Ce qui ne signifie pas que cette religion soit intrinsèquement violente, d’ailleurs, mais en tous cas pas mal de ses zélotes ont la gâchette, l’explosif, la corde ou le couteau facile. Ce n’est pas le cas, ou de manière marginale, du christianisme, du bouddhisme ou du confucianisme. Ce qui ne rend pas ces religions nécessairement sympathiques dans toutes leurs manifestations, certes. Mais représenter le Dieu chrétien en responsable du massacre de Charlie, ça fait bizarre.

 

           Dira-t-on que les religions, puisqu’elles se fondent dans l’absolu, poussent à la violence, et l’ont démontré ? Sans doute, pour la plupart d’entre elles. Mais justement, en France, la violence du christianisme (nettement contradictoire avec le message évangélique, et c’est plus compliqué pour le Coran) a été muselée par les philosophes, la révolution, la séparation de l’Eglise et de l’état, la laïcité. Toutes choses qui sont aujourd’hui critiquées, non pas seulement par certains musulmans, mais par des intellectuels qui associent la laïcité à une forme de racisme. Ce qui revient à laisser à l’absolutisme de l’Islam tout loisir de s'immiscer dans les failles. Les religions doivent être tenues en respect, quelles qu’elles soient. Sinon, elles chercheront à s’imposer dans la société. C’est ce qui me fait peur dans les compromissions d’aujourd’hui, qui prennent le prétexte du racisme et de l’islamophobie.

 

           On dit, c’est ce que fait Rokhaya Diallo : « pourquoi s’en prendre aux plus faibles » ? Effectivement. Formulé comme ça, c’est imparable, et ça a toute l’apparence de la générosité. Les musulmans sont une minorité, qui en France appartiennent le plus souvent à des catégories sociales en difficulté, et sont souvent discriminés. Toutefois, si on y regarde de plus près, c’est assez bizarre. D’abord la plupart des critiques ou des satires comme celles de Charlie, et au passage les miennes, portent sur les manifestations extrémistes de l’Islam, violence, antisémitisme, soumission de la femme. Nous avons assez dit et répété que nous ne pensions pas que c’était représentatif de la majorité des musulmans. Mais ça existe, et ça existe fortement. Si Rokhaya Diallo pense que s’en prendre aux extrémistes, c’est s’en prendre aux plus faibles, alors elle pense nécessairement que tous les musulmans sont extrémistes. C’est-à-dire qu’elle fait ce qu’elle reproche aux autres.         

 

           Mais bien sûr, elle estime qu’en réalité, les critiques adressées à un Islam extrémiste dissimulent le rejet de tous les musulmans. Ce qui est un procès d’intention, et ce qui revient à rendre impossible toute critique.

 

           Et il est vrai aussi que certains problèmes dépassent l’extrémisme. L’antisémitisme, notamment, me paraît dangereusement répandu dans le monde musulman. Les femmes y sont presque partout assujetties. On y est voilée et mariée, sinon on est une pute. Et en France, cette vision de la femme n’est-elle pas trop répandue chez les musulmans ? Le voile en est le symbole.  Ça me fait mal de croiser un  jeune homme en jean et baskets flanqué de sa femme empaquetée. Ça m’a fait mal quand j’ai vu sur une plage des hommes et des enfants se jeter dans l’eau en maillot de bain, suivis par une femme qui se risquait dans la mer entièrement habillée. Les plus faibles ? Tout est relatif. Dans une vision du monde patriarcale, les hommes ne sont pas les plus faibles. Un opprimé devient facilement oppresseur, et ce sont les femmes qui trinquent. Il faut revoir Yol, de Yilmaz Güney. Si, comme le voulait Marx, la religion est l’opium du peuple,  il faut pourtant ne rien dire de la religion, sous prétexte que c’est le peuple qui en est la victime ? Car les Rokhaya Diallo et consorts lient dangereusement la religion à la dignité et à l’identité. Comme si la religion ne pouvait pas être un moyen de manipuler les opprimés. Critiquer la religion, ce n’est pas s’en prendre à ceux qui croient, c’est aussi désirer leur libération d’une idéologie qui concourt à leur assujettissement.

 

           Confondre le fait de s’en prendre à une idéologie et de s’en prendre à ceux qui en sont porteurs est absurde. C’est comme si je disais : la majorité des chômeurs et des ouvriers votent Front National, mais je ne vais pas critiquer le Front National, ce serait s’en prendre aux plus faibles. Ou, en 1950 : je ne vais pas critiquer le stalinisme, car c’est l’idéologie du parti ouvrier, ce serait s’en prendre aux travailleurs. J’avoue ne pas comprendre un tel aveuglement – ou une telle dose de mauvaise foi.

 

Bon, on changera un peu de sujet pour les prochaines chroniques.   


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